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Europe 1, une radio dans l’Histoire, diffusion du vendredi 29 mars 2019 à 02h00

Europe 1 ? Un ton familier, une radio généraliste, une référence qui, depuis soixante ans, accompagne des générations de Français, au petit déjeuner, dans la voiture ou au travail. Coluche, Mai 68, Salut les Copains, le top 50, la guerre d'Algérie, Europe Stop ou Les Dossiers extraordinaires, des émissions cultes qui appartiennent à la mémoire collective. Mais son histoire est faite de luttes, de concurrence, de pressions politiques et d'ambitions contrariées. Journalistes et animateurs se disent tous très attachés à leur «maison bleue», dont ce document retrace les grandes heures, s'immergeant, grâce à des témoignages et des images d'archives, dans le quotidien d'une station chère aux auditeurs français. Critique : « Europe 1 a dans son ADN l'ambition de participer au mouvement du monde » : avec une phrase aussi pompeuse que creuse, le documentaire Europe 1, une ­radio dans l'Histoire démarre bien maladroitement. Est-ce ainsi que l'on célèbre un anniversaire, en l'occurrence le soixantième de la première station ­privée (chronologiquement parlant) du paysage radiophonique hexagonal ? ­Produit par une société appartenant, comme Europe 1, au groupe Lagardère, le document choisit cependant très vite de jouer sur la corde sensible. Il y parvient d'autant mieux que l'histoire de la station épouse celle de la génération baby-boom, et raconte la formidable soif de liberté, d'indépendance et de divertissement qui a saisi la France après la Guerre. L'irruption du jazz sur les ondes, la naissance de l'interactivité (merci Pierre Bellemare), Salut les copains : tout était nouveau et moderne, sur Europe 1 ! Jus­qu'à l'information elle-même, donnée sans cérémonie, privilégiant le direct et faisant fi de la langue de bois. « Ici, on ne parlait pas des "événements", se souvient Ivan Levaï. On disait "la guerre d'Algérie". » Sans doute, et le documentaire ne l'occulte pas, l'éclat d'Europe 1 n'est-il plus aussi vif depuis les années 1980-1990 ; reste un état d'esprit, un désir d'inventer encore, dont l'acuité et la pertinence s'apprécieront avec le temps. — Aude Dassonville