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Le rôle de la moto au cinéma

Et vivre encore, diffusion du vendredi 12 octobre 2018 à 20h55

Schimon, jeune Allemand presque trentenaire, mène une existence enviable. En ouvrant son studio à San Francisco, il a pu faire de sa passion son métier et réalise des «biographies audio». Il vit avec son grand amour, Jella, et leur premier enfant va bientôt naître. Lorsque le père de Schimon fait un infarctus, le couple décide de quitter les Etats-Unis pour se rapprocher des parents du jeune homme. Mais alors qu'ils viennent juste d'apprendre le naufrage du cargo qui transportait leurs affaires vers l'Europe, Jella meurt dans un accident. Schimon tente de faire face et de reconstruire sa vie en Allemagne auprès de ses parents. Lorsqu'il rencontre Milena, une jeune femme qu’il avait croisée le jour de la mort de sa femme, il croit au destin et se lance à corps perdu dans cette nouvelle histoire... Critique : Sorti uniquement outre-Rhin, ce premier long métrage d’un ciné­aste allemand épouse le regard d’un jeune homme (Christoph Letkowski, volontairement apathique) immédiatement après la mort de sa femme. Et vivre encore montre — plutôt bien — à quel point le deuil altère sa perception de la réalité. Comment il produit une déconnexion du présent (flash-back intempestifs, plans à contre-jour), et comment sa nouvelle petite amie devient un double, voire une concurrente de la défunte. Sa vie « d’après » risque à tout moment d’être engloutie par celle « d’avant », qui fait irruption sous forme de réminiscences, de cauchemars, de visions. L’ennui, c’est que Jens Wischnewski et sa coscénariste, Julia C. Kaiser (Les Hannas), ont tendance à trop charger la barque : une histoire de cargo qui chavire, la compagne — enceinte — qui s’étouffe et le chien qui s’empoisonne dans un même mouvement. A l’image du personnage principal, qui est persuadé que « les choses arrivent car elles doivent arriver » et qui voit des signes du destin partout, l’intrigue enchaîne mécaniquement les événements, selon une logique cause-conséquence ne laissant aucune place au hasard. Il aurait fallu, aussi, davantage d’ambition pour explorer les multiples pistes ouvertes par le scénario. Les auteurs ne font rien, par exemple, de l’activité de preneur de son du héros — comme John Travolta dans Blow out —, potentiellement passionnante à mettre en scène.