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Et Rodin créa «La Porte de l’enfer», diffusion du dimanche 20 mai 2018 à 17h25

En 1879, le ministre des Beaux-Arts Edmond Turquet commande à Auguste Rodin une colossale sculpture pour le futur musée des Arts décoratifs. Se référant à la porte de bronze exécutée au XVe siècle par Lorenzo Ghiberti pour le baptistère de Florence et considérée par Michel-Ange comme «la porte du paradis», Rodin passe plus de trois décennies à imaginer chaque créature, chaque détail, de «La Porte de l'enfer». Constituée de dix panneaux, l'oeuvre, inspirée par «La Divine comédie» de Dante, ne fut pas entièrement achevée. Après la mort de l'artiste, en 1917, plusieurs sculptures sont extraites de la monumentale matrice, notamment «Le Penseur» et «Le Baiser». Critique : Parce que L'Age d'airain semblait trop vibrant de vie pour ne pas avoir été moulé sur un modèle, ce nu exposé à Paris en 1877 coûta à Rodin une campagne de dénigrement qui lui valut aussi un début de notoriété. Et la commande publique, en 1879, d'une sculpture monumentale pour un futur musée des Arts décoratifs. Ce sera La Porte de l'enfer, à laquelle il consacrera vingt années de travail... jusqu'au coup de théâtre de sa présentation publique. Pour évoquer la vie à l'oeuvre dans les nus de Rodin, dont la platitude de l'écran ne peut pas rendre les volumes, le plasticien Bruno Aveillan, qui réalise cette audacieuse évocation du sculpteur, a eu l'idée de faire appel à des danseurs. Belle idée, qui lui permet non seulement d'exalter l'expression des corps de glaise nés des mains de l'artiste, mais aussi de traduire à travers leurs mouvements ceux de ses modèles, comme ses états d'âme et ceux de Camille Claudel, à laquelle le documentaire rend hommage en passant. Si le grandiose y frise parfois la grandiloquence, la finesse du récit et le soin attentif avec lequel le film marie images d'archives (parfois fabriquées de toutes pièces) et prises de vues originales assurent à l'ensemble une remarquable cohérence, nous permettant d'entrer dans la logique d'une trajectoire artistique dont le degré d'exigence confine au génie. — François Ekchajzer