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Elégie de la traversée, diffusion du lundi 17 juillet 2017 à 04h00
Le réalisateur russe Alexandre Sokourov parcourt le Vieux Continent, de Saint-Pétersbourg à Rotterdam, à la recherche d'une Europe longtemps rêvée. Vue de la Russie, ancien bloc communiste soumis à l'arbitraire de quelques hommes, l'Europe incarne l'équilibre et l'harmonie. Le voyage s'achève et la recherche d'Alexandre Sokourov reste vaine. Seuls deux tableaux, l'un d'Hercule Seghers et l'autre de Pieter Saerendam, rendent compte d'une réalité désormais irrémédiablement enfouie. Ce document poétique et esthétique est aussi un voyage intime, un carnet de voyage fait d'images rêvées. -- Critique : Dix ans après la fin de l'Union soviétique, Alexandre Sokourov s'interrogeait, à travers ce moyen métrage d'une beauté singulière, sur l'identité russe dans son rapport contrarié à l'Europe. Au gré d'une « traversée » d'est en ouest, qui conduit le cinéaste de la ville de Saint-Péterbourg au musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam, s'organise une forme de quête mystérieuse passant par l'exercice halluciné de son regard et par la lecture d'un texte d'une grande intensité. Promenant sa caméra sur certains paysages et sur certains visages contemporains, il y cherche vainement les indices d'une harmonie perdue, la rémanence d'un âge d'or. Une certaine idée européenne, qu'il trouvera finalement plus présente dans une peinture de Bruegel l'Ancien et dans une autre du Hollandais Pieter Jansz Saenredam. Empreinte d'étrangeté, de lyrisme et de mélancolie, cette « élégie » séduit autant qu'elle déroute, travaillant jusqu'à la texture de l'image, lui imprimant une sorte d'ondulation participant de la fascination produite sur le spectateur par ce film visionnaire. — François Ekchajzer
