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Le rôle de la moto au cinéma

Dogs, diffusion du lundi 05 février 2018 à 01h15

Un jeune homme ne peut vendre les terres infertiles de son grand-père, au fin fond de la Roumanie, car un puissant trafiquant s'y oppose… Un polar. Presque un western. La révélation d'un cinéaste, en tout cas, qui signe un premier film envoûtant. Critique : C'est presque un western. Lent, lancinant. Dans une Roumanie reculée, que le réalisateur fait ressembler au vieil Ouest américain, débarque un jeune homme, héritier de plusieurs centaines d'hectares, légués par son grand-père. Seule solution : vendre au plus vite. Ce qui déplaît fort aux ­copains du mort, qui se servaient, depuis des années, avec son accord, de ces terres infertiles pour y organiser des trafics rémunérateurs. Aucune menace de leur part. Sauf qu'un copain du héros, venu estimer la valeur de la propriété, se volatilise. Bientôt, un pied est retrouvé dans un étang tout proche... Ce pied est longuement examiné (cinq magnifiques minutes d'humour noir) par, on allait dire le shérif, non, le policier du coin. C'est le personnage le plus émouvant du film, tant il rappelle les seconds rôles si bien utilisés par Hollywood, autrefois. Génialement interprété par un comédien de théâtre, Gheorghe Visu, le flic est lucide, résigné et mourant. Sans illusions sur la région et les sauvages qui y vivent, résistant à tout, même à la dictature de Ceausescu. Il est sans illusions sur lui : pour avoir la paix, il a dû accepter de s'arranger avec la loi. De s'aplatir devant Samir (Vlad Ivanov, le salaud de 4 Mois, 3 semaines, 2 jours), un mec qui tue ses hommes de main sans état d'âme et transforme, en un regard, un chien agressif nommé Policia en toutou câlin... Du début (un travelling magnifique qui se clôt sur un étang comme secoué de spasmes) au dénouement (un règlement de comptes épuré) règne une angoisse diffuse. La peur s'infiltre dans ces paysages écrasés de chaleur, rendus plus inquiétants, la nuit, par des phares de voitures trouant l'obscurité. Lors du duel final — très western, une fois encore —, le flic mourant demande à son adversaire s'il n'a jamais connu l'angoisse. « J'ai peur de Dieu, reconnaît Samir, mais Lui a peur de moi »... Ce premier film est d'une intelligence et d'une maîtrise impressionnantes. Son réalisateur est la révélation de l'année. — Pierre Murat