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Le rôle de la moto au cinéma

Détenues, diffusion du jeudi 27 septembre 2018 à 00h40

Les femmes représentent 3,5% de la population carcérale. Elles sont peu nombreuses mais majoritairement poursuivies pour des crimes graves. Femmes et détenues, elles sont doublement minoritaires. Leur détention est une réalité méconnue. Autour de Marie Drucker, une équipe a pu suivre le quotidien de quatre d'entre elles, incarcérées dans un grand centre de détention, et des personnes les encadrant. Condamnées aux peines les plus lourdes, elles témoignent à visage découvert, partagent leurs réflexions sur les faits commis, évoquent leurs conditions de détention ainsi que leur relation au monde extérieur. Critique : Un (bon) documentaire se définit autant par ce qu'il tait que par ce qu'il énonce ; par ce dont il nourrit son hors-champ que par ce qu'il donne à voir. Si l'on devait dresser la liste des éléments que Détenues passe sous silence, l'espace de cette critique n'y suffirait pas. Du centre de détention où Marie Drucker et son équipe ont filmé cinq femmes purgeant de longues peines, on ne saura rien -- pas même sa localisation. Des crimes de sang qu'elles ont commis, très peu de chose. Du système carcéral, à peine plus. S'attachant à Betty, Edith, Françoise, Danièle et Muriel, qui se livrent à visage découvert et offrent à la caméra de vrais moments de vie, ce film inattendu d'une documentariste qu'on ne soupçonnait pas témoigne d'une humanité souffrante mise à l'épreuve d'un purgatoire diversement vécu par les unes et les autres. « J'ai grandi en prison », confie Betty, « bébé » de 29 ans, dont douze passés en détention. « Je me sens libre, je me sens moi-même », explique Edith, qui appréhende sa sortie. Tandis que Danièle, profondément meurtrie par la violence des hommes, se désespère de vivre séparée de ses enfants et reçoit le rejet de sa demande de commutation de peine comme une rouste de plus. Servie par les cadres très sûrs d'Isabelle Razavet et le montage sans artifices de Vincent Trisolini, Marie Drucker signe un documentaire d'une force impressionnante, qui ouvre plus de portes qu'il ne verrouille quoi que ce soit sur l'expérience carcérale. Et qui nous laisse le sentiment d'avoir fait des rencontres que l'on n'oubliera pas. -- François Ekchajzer