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Le rôle de la moto au cinéma

Dans l’ombre de Mary : la promesse de Walt Disney, diffusion du lundi 24 décembre 2018 à 23h30

En 1961, Walt Disney tente d’éblouir une romancière british coincée pour lui acheter les droits de "Mary Poppins"… Charme et bons sentiments : dommage que le passé de l’héroïne envahisse trop souvent les préparatifs – épiques – du tournage. Critique : Papa Walt l'a promis à ses filles : un jour, il fera un film de leur livre préféré. Problème : Mary Poppins a été écrit par une demoiselle anglaise pour qui Hollywood représente l'enfer, dont Disney serait le grand Satan... En l'invitant, en cette année 1961, à contempler la splendeur de son empire, le magicien (interprété par un Tom Hanks très à l'aise) espère l'embobiner pour lui faire signer le précieux contrat. Seulement, Pamela Lyndon Travers (Emma Thompson, dans un de ces numéros superbes qu'elle maîtrise à la perfection) ne s'en laisse pas conter. Des pingouins animés dans son histoire ? Elle déteste ! Il y aurait des chansons, en plus ? La voilà qui frôle l'apoplexie : jamais au grand jamais, sa Mary ne deviendra l'héroïne d'une de ces fadaises musicales virevoltantes dont Hollywood a le triste secret... Les efforts inouïs et quotidiens de toute l'équipe — non seulement Disney, mais les deux compositeurs qui mettent la dernière main à de futurs tubes, comme Chim chimney ou Supercalifragilisticexpialidocious — pour ne pas tuer cette enquiquineuse sont très réjouissants. Mrs Travers n'ayant jamais réglé ses problèmes oedipiens (ça se comprend, le papa est incarné par Colin Farrell), on a droit à d'envahissantes évocations de son enfance qui ne servent qu'à exalter le destin tragique de ce père trop aimé. Si soignés soient-ils, ces incessants va-et-vient entre présent et passé finissent par ralentir l'intrigue et lui ôter beaucoup de sa légèreté. Car enfin, comme dans les comédies américaines de jadis, le plus amusant reste l'affrontement entre deux mégalos qui finissent par apprendre — on est bien chez Disney ! — l'un la patience, et l'autre l'indulgence. — Pierre Murat