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Le rôle de la moto au cinéma

Comme les autres, diffusion du mardi 20 février 2018 à 13h35

Emmanuel et Philippe s'aiment d'amour tendre. Seul problème : l'un veut un enfant, l'autre pas... Comédie plaisante et sage sur l'homoparentalité et les jeunes étrangères sans-papiers. Critique : Il y a vingt ans, les hommes découvraient, ravis, l'art d'être papa et la France, émue, faisait un triomphe aux copains de Trois Hommes et un couffin, qui chantaient une berceuse à trois heures du matin pour endormir un bébé insomniaque. Il y a dix ans, les gays entamaient leur croisade pour devenir pères et, dans Pédale douce, Patrick Timsit exprimait haut et fort ses menaces vis-à-vis d'un toubib qui, en faisant avorter Fanny Ardant, l'empêchait d'avoir un fils. « Si ce médecin touche à "ma femme", moi, le médecin, je l'encule ! C'est clair pour tout le monde ? » Aucune excentricité semblable dans Comme les autres. Il est loin le temps où les homos se sentaient - et se voulaient, parfois, c'était même leur orgueil - objets de réprobation et de scandale. Le couple, interprété par Lambert Wilson et Pascal Elbé, est accepté, reconnu, intégré. Emmanuel est pédiatre, Philippe est avocat. Ils sont beaux et bobos. Ils s'aiment beaucoup et s'ennuient un peu. Comme un reflet lointain d'un passé peut-être plus excentrique, l'avocat aime encore « sortir ». Le pédiatre, lui, préfère rester chez eux et rêve d'un enfant, ce que l'autre refuse obstinément. Rupture bête et brutale, ce qui permet à cette comédie charmante, « familiale », en dépit des apparences, d'utiliser toutes les ressources du vaudeville classique. Emmanuel propose d'être mère porteuse à une jeune Argentine sans papiers (Pilar López de Ayala, adorable). Elle commence par se mettre en rogne, puis se ravise. C'est qu'Emmanuel est si gentil, si attentionné (Lambert Wilson est, en effet, irrésistible dans ce rôle). Mais voilà qu'il découvre qu'il est stérile. Il demande à son ex de l'aider, qui commence par se mettre en rogne, puis se ravise. C'est qu'Emmanuel est si gentil, etc. On va d'explications en ruptures, de jalousies en chagrins, jusqu'au happy end attendu, autour des deux papas pantelants (l'avocat devenant encore plus père poule que son amant). Tranquillement, plaisamment, un rien trop sagement aussi, le film reflète l'air du temps et cherche à le modifier en catimini. Un film à thèse se glisse subrepticement (enfin, pas tant que ça...) sous le conte rose où tout le monde est heureux. Enfin, presque. Car dans les contes des années 30, quand une jeune sans-papiers consentait à un ma­riage blanc pour les obtenir - Danielle Darrieux dans Battement de coeur, de Decoin, par exemple -, elle finissait forcément par épouser un jeune prince charmant hétéro qui la comblait sur tous les plans. Plus d'un demi-siècle plus tard, la Darrieux 2008 est toute heureuse d'accepter un gay stérile et le sperme de son pote, par-dessus le marché. C'est dire que le sort des gays est (relativement, très relativement) en progrès. Celui des femmes, c'est pas sûr...

Le rôle de la moto au cinéma

Comme les autres, diffusion du mercredi 31 janvier 2018 à 20h55