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Le rôle de la moto au cinéma

Chien chauve rock, diffusion du vendredi 31 août 2018 à 00h50

Budapest à la fin des années 70. Depuis près de dix ans, le groupe hongrois Colorado interprète des grands classiques américains et enchaîne les flops. Après un concert particulièrement raté, les musiciens tombent nez à nez avec le célèbre poète américain Allen Ginsberg. Cette rencontre va tout bouleverser : les musiciens décident de laisser tomber ces reprises qui ne parlent pas au public hongrois et d'écrire leurs propres chansons, inspirées de leur vie. Ils inventent le «blues de Kobanya», destiné aux habitants de cette ville ouvrière située près de Budapest, et récoltent de petits succès... Critique : | Genre : Blues Hongrois. Né en 1940, le Hongrois György Szomjas débute sa carrière avec des courts et des documentaires, avant de réaliser les premiers « westerns-goulashs » dans les années 1970, puis de signer ce Chien chauve rock — une rareté, jamais sortie dans les salles françaises. Tourné en 1981, le film suit le parcours d’un groupe local qui cherche à percer en reprenant des standards (Johnny B. Goode, de Chuck Berry). Les musiciens enchaînent les bides, jusqu’à une rencontre, aux allures de révélation, avec le poète Allen Ginsberg — dans son propre rôle — qui leur conseille d’« accepter le bas ». Soit ignorer les étoiles américaines et chanter leur propre quotidien, autrement dit revenir aux racines du blues. Sur des mélodies toujours inspirées de classiques (Babe I’m gonna leave you, de Led Zeppelin), ils se mettent à décrire la misère sociale, la frustration sexuelle, l’alcoolisme. Ponctué de citations de grands noms du rock qui scandent le récit (Brian Wilson, Ray Davies, Ringo Starr), le film vaut pour ses électriques prestations sur scène, portées par un ­génial chanteur unijambiste (Gyula Deák Bill, véritable bluesman de Budapest). Ce n’est pas seulement l’ascension d’un groupe que le cinéaste saisit : c’est un souffle de liberté qui gonfle peu à peu. L’énergie est d’abord confinée dans un bar miteux, puis dans un hangar reconverti en club, avant d’exploser en plein air, lors de l’impressionnant concert final. Ce blues social du bloc de l’Est renvoie, à l’Ouest, à la détonation du punk, à la même époque.