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Cecilia Bartoli, Mission : les musiques d’Agostino Steffani à Versailles, diffusion du dimanche 22 avril 2018 à 00h30

Cecilia Bartoli invite à découvrir le répertoire d'un compositeur italien oublié, Agostino Steffani (1654-1728), dans le cadre enchanteur du château de Versailles. Par la voix incandescente de la diva romaine, se déploie tout le génie lyrique de Steffani, artiste baroque d'origine vénitienne, par ailleurs diplomate chargé par le Saint-Siège de missions auprès des cours allemandes. La mezzo-soprano a également consacré un album événement au compositeur : l'opus «Mission», sur la pochette duquel elle apparaît le crâne rasé, un crucifix à la main. Sur quelques airs, Cecilia Bartoli s'est assuré la collaboration du contre-ténor français Philippe Jaroussky. Critique : Maligne comme une Bartoli. Cette expression finira bien par entrer dans un dictionnaire de la musique. Environ tous les deux ans, elle nous concocte un disque rare, un récital irréprochable sur le plan artistique (c'est la Bartoli, tout de même !), imparable sur le plan musicologique via des livrets soignés, et immanquable par l'intelligence de ses programmes : album Vivaldi qui la propulsa au sommet, puis les méconnus Gluck et Salieri, les opéras prohibés à Rome, Maria Malibran, les castrats. Elle tourne ces récitals durant deux ans, s'économise dans les prises de rôle sur scène. Et remet le couvert. Comment s'en plaindre quand elle nous fait découvrir Agostino Steffani (1654-1728), chaînon manquant entre Monteverdi et Vivaldi, précurseur de Haendel, Telemann et Bach, diplomate, espion, prélat catholique en milieu luthérien, trop italien pour les Allemands et trop exilé au nord de l'Europe pour être reconnu par les Italiens ? Formé comme chanteur et linguiste émérite, Steffani s'affirme en compositeur subtil pour les voix, d'une nervosité s'abîmant peu dans les interminables reprises des operas serias. Les couleurs de son orchestration traduisent son admiration pour Lully. D'où ce film tourné à Versailles avec une caméra mobile qui parvient à faire oublier le vide des espaces. Bartoli est LA Bartoli dans toute la possession de ses moyens, et ses duos avec Philippe Jaroussky sont à pleurer. De joyeuses fêtes ! — Bernard Mérigaud