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Le rôle de la moto au cinéma

Bernard Buffet, le grand dérangeur, diffusion du dimanche 10 juin 2018 à 17h35

Aussi célèbre que Picasso après-guerre, Bernard Buffet a connu précocement une immense popularité, inédite pour un artiste vivant, affichant un luxe dérangeant. Un succès phénoménal qui le prive dans le même temps de l'estime des milieux de l'art, lesquels le jugent de mauvais goût. A partir d'archives rares, le film pénètre en profondeur l'oeuvre du peintre, dévoilant, au fil des toiles, sa puissance et sa cohérence. Surtout, il dessine un portrait tout en finesse de Bernard Buffet, à travers l'émouvant témoignage de Pierre Bergé, son premier amour, et celui de son fils Nicolas. Critique : Bernard Buffet a bon dos. Il reste le grand perdant de l'histoire de l'art, célébré trop tôt puis rejeté par la critique, sévère ou goguenarde devant ses grandes silhouettes rigides et charbonneuses, ou moquant ses sinistres clowns anguleux. Produit dérivé de la rétrospective parisienne (1) , ce documentaire est une allègre entreprise de réhabilitation. Buffet ne serait plus seulement ce peintre kitsch à succès, mais un artiste subtil, à la fois plus sombre et plus charnel que l'image qu'il a laissée. L'homme serait « le dernier grand peintre figuratif », estime Pierre Bergé, son ancien amant, qui témoigne ici parmi d'autres convaincus (Sylvie Giono ou la critique Lydia Harambourg). Le directeur du musée d'Art moderne de Paris — qui qualifiait jadis son style de « repoussant » — a revu son jugement à la hausse et se joint désormais à la célébration. Le street artist C 215 évoque une « peinture immédiate », pop avant l'heure, tandis que le documentaire déroule de plaisantes archives de l'artiste, jeune dandy dépassé par sa gloire, puis vieux père de famille, peignant ses dernières toiles — il en a laissé huit mille — dans son atelier du Var, avant de s'y donner la mort en 1999. — Erwan Desplanques   (1) Au musée d'Art moderne de la Ville de Paris, jusqu'au 26 février.