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Le rôle de la moto au cinéma

Bavures, Moi policier, j’ai tué un homme, diffusion du mercredi 12 décembre 2018 à 03h00

La police a une part d'ombre, sa violence, qu'elle refuse d'aborder. Sans filtre, des policiers ont pourtant accepté de raconter leurs bavures. Anciens flics, ils ont tué un homme lors de drames survenus à Paris et au sein de banlieues difficiles depuis 1986. Ces témoins rares permettent de retracer des cas emblématiques de violences policières, ou perçues comme telles, et de les éclairer avec ceux qui en sont les auteurs et qui, d'ordinaire, ne s'expriment jamais. Ce documentaire offre une plongée inédite dans le tabou absolu de la police française. Critique : C’est à un angle mort de l’histoire de France, volontairement dérobé aux regards des citoyens par l’absence de statistiques officielles, que s’attaque le film : celui des bavures policières, ou plus précisément des homicides perpétrés par les forces de l’ordre. Mourad, Malik, Adama, Olivier, Zyed, Bouna, Rémi… depuis des décennies, leurs prénoms tissent la chronique d’une violence létale, illégitime et banalisée. Soucieux de comprendre les mobiles, les paramètres, les circonstances qui conduisent un policier à appuyer sur la détente, le réalisateur choisit de recueillir la parole de trois d’entre eux. De les ramener à l’instant funeste, d’évoquer les conséquences de leur geste, d’ausculter leur éventuelle évolution — reconnaissance de la bavure ou déni. Mais au-delà, le documentaire réinscrit ces actes dans un contexte vieux de plus de cinquante ans : celui des contrôles d’identité au faciès, des gardes à vue qui dégénèrent, du sentiment d’impunité pour les policiers, du soupçon de connivence de la justice. Confrontant les témoignages des policiers aux propos des proches des victimes grâce aux archives, aux interventions d’anciens ministres de l’Intérieur, d’avocats et de la procureure de ­Bobigny, le film, sobre et équilibré, sonde aussi la perpétuation d’un racisme hérité des conflits coloniaux au sein de l’institution. S’arrêtant enfin sur la question de la formation des policiers, la ­diminution des effectifs d’encadrement, le type de missions qui leur sont dévolues… « Quand on emploie la police de façon discriminatoire dans certains quartiers, on fabrique du racisme », s’alarme Pierre Joxe. Au risque de nouvelles révoltes.   A lire Arabicides. Une chronique française 1970-1991, de Fausto Giudice, éd. La Découverte, 1992.