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Le rôle de la moto au cinéma

Babai, mon père, diffusion du vendredi 26 janvier 2018 à 01h15

Depuis le départ de sa mère, Nori vit seul avec son père, Gesim. Pour subsister dans le Kosovo du début des années 1990, ils vendent des cigarettes au marché noir. Même s'il ne l'exprime pas clairement, Gesim rêve de quitter le pays afin d'aller travailler en Allemagne. Pour l'empêcher de fuir, Nori se jette sous un bus. Mais à sa sortie de l'hôpital, c'est son oncle qui vient le chercher. Le garçon décide alors de tout risquer pour retrouver son père... Critique : | Genre : Immigration à hauteur d'enfant. Multiprimé dans les festivals, sorti uniquement outre-Rhin, ce premier long métrage d’un réalisateur kosovar emboîte le pas d’un jeune garçon, décidé à rejoindre son père en exil. Construit en deux mouvements, le film dresse un parallèle désabusé entre le Kosovo et l’Allemagne des années 1990. D’un côté, les traditions familiales aliénantes et les intimidations quotidiennes de l’armée serbe à l’encontre de la population albanaise. De l’autre, l’absence de solidarité (surtout entre expatriés), le foyer aux allures de prison et les expulsions musclées de la police. Révélant l’impuissance tragique du chef de famille, la relation filiale, tour à tour chaleureuse ou violente, évoque par moments celle du Voleur de bicyclette, de Vittorio De Sica. Le réalisme culmine durant le voyage à bord d’une frêle embarcation du Monténégro à l’Italie — saisissante scène nocturne. Intelligemment, Visar Morina ne dramatise pas. Il n’en fait pas non plus une promenade de santé. Cette justesse quasi documentaire se double d’une belle morale. Contrairement à d’autres (Michael Haneke dans Happy End), Morina ne filme pas les migrants comme un collectif indistinct : il s’attarde sur chaque visage lors d’un remarquable plan-séquence circulaire, tourné à l’arrière d’un camion. Et donne ainsi une portée universelle à son récit : chacun d’eux pourrait être le héros de Babai.