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Le rôle de la moto au cinéma

Au nom du père, du fils et des esprits, diffusion du dimanche 04 novembre 2018 à 23h35

Le 26 juin 1988, Jean-Marie Tjibaou (leader du FLNKS) et Jacques Lafleur (chef des Loyalistes) signent les accords de Matignon, qui mettent fin aux violences en Nouvelle-Calédonie. Mais le 4 mai 1989, le leader kanak est assassiné à Ouvéa par Djubelly Wéa, un militant indépendantiste radical farouchement opposé à la démarche de paix. Emmanuel Tjibaou, l'un des fils de Jean-Marie, interroge son passé. Hanté par la mort de son père (il n'avait que 13 ans), il explore les archives, interroge ceux qui l'ont côtoyé et dévoile une part de ses souvenirs d'enfance. Critique : De son père Jean-Marie Tjibaou, leader indépendantiste kanak assassiné à Ouvéa en mai 1989, Emmanuel, l’un de ses fils, conserve des souvenirs fugaces, des fragments d’émotions partagées, comme « d’écouter le murmure de la terre, d’évoquer les ­esprits quand [ils allaient] à la tribu ». Le temps a passé, le gamin de 13 ans est devenu directeur du Centre culturel Tjibaou à Nouméa. S’il a appris à vivre avec cette absence, elle le hante. Au point, vingt-neuf ans plus tard, de tenter d’exhumer, trace après trace, la figure disparue. Au fil des témoignages de ceux qui l’ont côtoyé, des archives rares glanées, s’esquisse le portrait sensible et chaleureux, tendre mais dénué de mièvrerie, du père, du militant, d’un combat, d’une époque. Biographie charnelle, chronique inspirée d’une lutte pour la dignité, le film retrace le parcours du fils de la tribu de Tiendanite, le replaçant dans la filiation d’un héritage glaçant : celui de la colonisation, de Kanaks sans droits. « Tant d’inégalités depuis 1853, tout un peuple déraciné, humilié. Tu viens de là, papa, de cela aussi tu es fait. Ces injustices sont notre chair. De cette violence légale et impunie nous sommes les fils. » Sur les vestiges de cette mémoire meurtrie, ­Tjibaou et ses compagnons construiront, en 1984, le FLNKS (1) . Puis viendront les heures sombres, sous Pons et Chirac, de la répression, des morts de Gossanah avant que ne soient signés, en juillet 1988, les accords de Matignon. Et, quelques mois plus tard, l’assassinat de Tjibaou par Djubelly Wéa, militant indépendantiste radical, farouchement opposé à la démarche de paix initiée. De cette quête du passé émerge un personnage solaire, ayant renoncé à la haine. « Il reste ce que tu as semé : la force de croire au lendemain. » Une parole qui fait écho, à l’aube du référendum d’autodétermination du 4 novembre prochain. (1) Front de libération nationale kanak et socialiste.