Diffusions passées:

Le rôle de la moto au cinéma

Renzo Piano, le chemin kanak, diffusion du jeudi 20 septembre 2018 à 01h45

En juin 1988, l'Agence de développement de la culture kanak est créée, dans le cadre des Accords de Matignon signés par l'Etat, Jacques Lafleur, député de Nouvelle-Calédonie et Jean-Marie Tjibaou, leader du FLNKS. Après l'assassinat de Tjibaou en mai 1989, l'Etat décide de construire un centre culturel kanak, entre tradition et architecture contemporaine, entre culture européenne et kanak. Dix ans plus tard, le centre culturel Tjibaou se présente aussi comme un acte de décolonisation, un point acquis dans la reconnaissance de la légitimité du peuple kanak. Seule institution de ce type dans tout le Pacifique, le centre culturel défend une vocation plus océanienne que locale. Critique : Posé sur la lagune calédonienne, à l'orée de Nouméa, le centre culturel Tjibaou n'est pas seulement l'une des réalisations les plus inventives du magicien architecte Renzo Piano (l'un des concepteurs du centre Georges-Pompidou), un bijou d'architecture, avec ses demi-cases, inachevées, dressées vers le ciel comme des flambeaux. C'est aussi et surtout l'un des actes de décolonisation les plus intelligents qui aient jamais été réalisés. Un geste de reconnaissance et de dignité envers le peuple kanak. Un acte de répa­ration flamboyant contre tout ce que la colonisation avait foulé aux pieds. Jean-Marie Tjibaou, le Mandela calédonien, le leader indépendantiste qui a su né­go­cier la paix de main de maî­­tre dans les accords de Matignon (avant de mourir ­assassiné par les siens), a toujours placé la culture kanake au centre des revendications indépendantistes. Ce documentaire, qui rend grâce à l'écoute et à l'investissement personnel de Renzo Piano briefé intelligemment par l'anthropologue Alban Bensa, raconte également le formidable jeu de cache-cache, et finalement la solide amitié entre l'architecte et la veuve Tjibaou. Le centre culturel, posé aux frontières de la ville blanche de Nouméa, aurait pu n'être qu'un triste « kanak­land » sans âme. Renzo Piano, sans rien céder de son génie créatif (pas facile d'imposer aux gardiens de la tradition des demi-cases sans même de poteau central, symbole du chef !), a su insuffler un esprit au bâtiment. On regrettera simplement de ne rien savoir de la vitalité du centre aujour­d'hui et du rayonnement de ce lieu, ouvert également à l'art contemporain et à toutes les cultures du continent océanien.

Le rôle de la moto au cinéma

Renzo Piano, le chemin kanak, diffusion du lundi 17 septembre 2018 à 00h30