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Jean-Louis Trintignant, Pourquoi que je vis, diffusion du dimanche 13 mai 2018 à 02h30
Jean-Louis Trintignant se dévoile face à la caméra de son ami cinéaste Serge Korber : retour sur cinquante années de vie, éprise de liberté, passée sur les plateaux de cinéma et sur les planches de théâtre. L'acteur balaye sa filmographie à la fois exigeante et populaire. Il évoque aussi ses passions : les circuits automobiles et les vignes qu'il cultive. Il se souvient avec nostalgie de l'effervescence de ses débuts. Avec pudeur, il parle de ses dernières années. Son entourage dévoile également l'homme, comme le producteur et distributeur Marin Karmitz, l'acteur Jacques Perrin, les réalisateurs Costa-Gavras, Michael Haneke et Claude Lelouch. Critique : Pas très causant, normalement, Trintignant. Un sphinx doux, sourd aux sirènes du cinéma depuis 2002, retiré en ses terres viticoles du Gard, dans son domaine Rouge Garance, ou parcourant les petites villes de France pour faire goûter à un public conquis les mots de trois poètes libertaires, Robert Desnos, Jacques Prévert et Boris Vian, dont un poème donne son titre à ce portrait. L’amitié a pourtant fini par l’emporter : devant la caméra de Serge Korber, pour lequel il tourna un délicieux court métrage dans les années 1960, Trintignant évoque sa vie et sa carrière avec la pudeur papillonnante de ceux qui ne parlent jamais pour ne rien dire. Cet homme « capable de s’évader intérieurement au beau milieu d’une foule », comme le dit le joli commentaire écrit par Louis Paraz, livre quelques clés de son ultrasensibilité : son enfance de « petite fille » à Pont-Saint-Esprit, avec un père tendre et une mère extravagante, ou même cette blessure amoureuse lorsqu’il trouva un autre homme dans le lit qu’il partageait avec Brigitte Bardot. Pas un trémolo dans la voix, aucune allusion aux grands deuils de sa vie, mais un ton de conteur, avec le sourire carnassier, toujours en embuscade. Les intervenants, Marin Karmitz, Claude Lelouch, Jacques Perrin, Costa-Gavras, etc., connaissent bien l’animal, mais c’est surtout en lui laissant le temps, en s’accordant à son tempo désormais scandé par la poésie et le jazz que Korber saisit la liberté essentielle de cet homme que la vie n’aura jamais réussi à contraindre tout à fait. « Pourquoi que je vis ? Parce que c’est joli. » Dans le cadre d’une soirée Jean-Louis Trintignant. Précédé, à 20h55, du film Amour de Michael Haneke (lire ci-contre). Ce portrait a été réalisé peu avant celui-ci, pour lequel Jean-Louis Trintignant remporta le césar du meilleur acteur.