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Le rôle de la moto au cinéma

En bataille, Portrait d’une directrice de prison, diffusion du mercredi 18 avril 2018 à 01h45

A la tête depuis quatre ans du centre pénitentiaire pour hommes de Liancourt, en Picardie, Marie Laffont a dû se forger une carapace : «Il faut se montrer solide», dit-elle. «Coûte que coûte». Car dans le microcosme carcéral, les tensions sont avivées, et les esprits s'échauffent vite. Face aux crises d'angoisse, aux bagarres ou aux infractions au règlement, la jeune femme doit faire preuve de bienveillance autant que de fermeté, et apporter des réponses adaptées. Egalement responsable du personnel, Marie Laffont doit démontrer jour après jour ses qualités managériales pour désamorcer les conflits et prévenir les situations de souffrance au travail. Critique : Il est des métiers qui font moins rêver que d'autres. Parmi ceux-là : directeur de prison. La profession est sujette à la méfiance et aux caricatures. C'est pourtant la voie empruntée par Marie Lafont, dont le portrait personnel et professionnel est dressé avec beaucoup d'humanité et de délicatesse par Eve Duchemin. Entretiens avec les détenus (toujours à visage découvert), commissions de discipline, gestion des tracas du personnel du centre pénitentiaire de Liancourt, en Picardie... la caméra ne quitte jamais Marie au cours de sa longue journée dans cet univers essentiellement masculin. Les premières minutes sont déroutantes. Le documentaire affiche un parti pris très « art et essai », quasi cinématographique, avec un goût prononcé pour les scènes atmosphériques et contemplatives desquelles toute action est absente ou bien insignifiante. En bataille n'est jamais voyeuriste ou sensationnaliste (pas de voix off sentencieuse) alors que le thème des prisons en France est, on le sait, ô combien sensible. Chose rare, l'image brille de la complicité entre la documentariste et son sujet. Au fil du temps, Marie quitte la carapace exigée par sa fonction. Elle confie ses doutes, son « impression de remplir des tonneaux percés », et ne cache plus sa solitude et ses envies d'ailleurs. — Xavier Thomann