Diffusions passées:

Le rôle de la moto au cinéma

Duels, diffusion du lundi 14 janvier 2019 à 05h40

L'histoire de Marcel Fournier, fondateur de Carrefour et d'Edouard Leclerc, épicier militant, est celle d'une lutte sans merci. Le bras de fer s'engage entre les deux futurs géants du commerce hexagonal en 1959, sur fond de combat idéologique. Marcel, Savoyard, rêve de magasins à l'américaine et privilégie les économies d'échelle pour casser les prix. De son côté, Edouard, Breton qui aurait dû devenir prêtre ou militaire, veut aider les Français à dépenser moins, dans le contexte d'après-guerre. Sa méthode : vendre au prix de gros en supprimant les intermédiaires. Les stratégies opposées de ces deux pionniers de la grande distribution vont bouleverser les modes de consommation. Critique : Si vous faites chaque semaine vos courses en voiture dans des hypermarchés gigantesques, c'est à cause d'eux : Michel Fournier, le créateur savoyard de Carrefour, et Edouard Leclerc, « l'épicier franc-tireur » de Landerneau. Le premier, « dandy et joueur de cartes », a commencé dans le tissu. Le second vendait des biscuits en faisant du porte-à-porte. Les deux se sont ensuite affrontés en 1959 pour conquérir la ville d'Annecy, puis ils ont révolutionné la grande distribution pendant les Trente Glorieuses en se livrant une bataille acharnée sur les prix — Leclerc en court-circuitant les intermédiaires traditionnels, Fournier en important le modèle américain (« No parking no business »). A travers leur portrait, ce documentaire analyse les métamorphoses de la consommation. Met en vis-à-vis la colère des petits commerçants et l'euphorie des premiers clients qui se ruent parmi les rayonnages démesurés de ces nouvelles enseignes. Le film bénéficie d'intéressantes archives, sonores ou visuelles, et raconte finement le mélange d'intuitions et de coups de poker à l'origine de ces hypergroupes, les revirements de stratégie, jusqu'au retour progressif à des surfaces plus petites situées dans les centres-villes (Carrefour City). Il ne s'agit pas d'un bilan critique, mais du récit assez vif d'une compétition qui, en cinquante ans, a profondément transformé les mentalités comme le paysage français. — Erwan Desplanques

Le rôle de la moto au cinéma

Duels, diffusion du mercredi 09 janvier 2019 à 01h35

Saison : 3 - Le 29 juillet 1981, le prince Charles épouse la jeune lady Diana Spencer. Très vite, le conte de fées tourne au duel entre deux femmes : la reine Elisabeth II et la princesse Diana. Durant 17 ans, ces deux personnalités opposées vont se battre pour l'amour du peuple anglais. A travers leur duel, cette histoire est celle d'un affrontement entre deux mondes, l'un traditionaliste et séculaire, l'autre résolument contemporain. Leur face-à-face, à la fois humain, politique et historique, a bouleversé l'image même de la monarchie et ses liens avec la société britannique. Critique : Lady Diana n'a que 20 ans lorsqu'elle épouse, en 1981, le prince Charles et fait son entrée dans la famille royale. Derrière le vernis romanesque, ce mariage arrangé, suivi à l'époque par plus de 750 millions de téléspectateurs, n'aura pour but que de donner un héritier au trône. Cette union marque le début d'une guerre froide insidieuse entre la jeune aristocrate et la reine Elisabeth II. Désoeuvrée et dépressive dans son palais de ­Kensington, la princesse renverse les carcans protocolaires. Elle s'offre en une des journaux, désacralisant l'image quasi divine qu'affiche la royauté et se consacre à des causes jusqu'ici ignorées par la cour (aide aux victimes du sida, des mines antipersonnel...). Le portrait d'une famille soudée se trouve définitivement écorné après la participation de « lady Di » à un livre sur l'infidélité de son mari. Ponctué de témoignages de proches de la couronne (et d'un certain Stephen Frears !), le film aurait pu s'attarder sur des anecdotes people. Mais l'ensemble s'attache davantage à retracer, non sans humour, la destinée d'une jeune femme qui fit souffler un vent de moder­nité à la monarchie. — Marie Campistron

Le rôle de la moto au cinéma

Duels, diffusion du lundi 10 septembre 2018 à 05h35

Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac ont débuté ensemble leur carrière politique et ont gravi en même temps les marches du pouvoir. Ils ont longtemps été considérés comme deux des hommes de droite les plus doués de leur génération. Puis est venu le temps de l'affrontement, au moment d'atteindre le plus haut poste de la politique française : la présidence de la République. Ce documentaire revient sur l'histoire de deux caractères opposés, entre un futur président et son Premier ministre, qui prendra lui aussi la tête de l'Etat en 1995. Critique : Ces deux-là n'ont jamais pu se sentir. Dans la tragi-comédie du pouvoir, le président Valéry Giscard d'Estaing incarnait le « gentilhomme » sûr de son fait et persuadé d'être invulnérable. En face, son Premier ministre Jacques Chirac tenait le rôle du « hussard », « puissant » et « animal » qui aiguise ses crocs en attendant son tour. Leur cohabitation entre 1974 et 1976 ? Une mauvaise farce, que ce film relate en détail, avec quelques témoins de l'époque, principalement des barons de la chiraquie (l'ex-directeur de cabinet Jérôme Monod ou l'ex-ministre Bernard Pons). Pierre Hurel y rappelle les coups tordus et les petites humiliations entre les deux hommes — Jacques Chirac fondant le RPR dans le dos de VGE, en voyage officiel en Martinique — et raconte la lutte à mort qu'ils se livreront ensuite, de 1976 à 1995. Un affrontement quasi absurde, mal camouflé par quelques alliances de circonstances lors des élections législatives. Les faits sont connus, le documentaire se borne à battre le rappel, avec de bonnes archives et des confirmations à demi-mot sur les connexions entre Jacques Chirac et François Mitterrand, en 1981, pour faire tomber Giscard. Encore aujourd'hui, au Conseil constitutionnel, les deux anciens fauves de la politique française évitent volontiers de se serrer la main. — Erwan Desplanques

Le rôle de la moto au cinéma

Duels, diffusion du vendredi 27 juillet 2018 à 00h40

Saison : 3 - Dans l'Angleterre des années 60, les Beatles, originaires de Liverpool, et les Rolling Stones, londoniens, s'affrontent par hit-parades interposés. Les «quatre garçons dans le vent» doivent leur succès à leur manager, Brian Epstein, ancien gérant de magasins de disques, qui les impose auprès du public en gommant toute trace de leur look de rockers et de leur milieu populaire. Face à eux, les Rolling Stones jouent de la provocation et du scandale sous la férule d'Andrew Loog Oldham, un publiciste de 19 ans. Une partie de la jeunesse britannique et bientôt mondiale se retrouve dans le refus des conventions affiché par les Londoniens. Le duel des deux groupes se joue désormais à l'échelle de la planète. Critique : Ce soir, deux astres du rock face à face. Gendres idéaux contre bad boys. Le documentaire déconstruit le mythe en opposant les deux groupes au montage dans un tourbillon d'archives (interviews télé, concerts hystériques, tournées mondiales, unes de la presse à scandale...). Flash-back dans les sixties. A Liverpool, cité ouvrière dévastée par la guerre, la jeunesse s'ennuie en noir et blanc et rêve d'ailleurs. D'émancipation. Ça tombe bien, quatre garçons dans le vent vont libérer ses ardeurs à grand renfort de mélodies pop sous la houlette de Brian Ep­stein, leur manager pygmalion. Genèse de la beatlemania. Pendant ce temps-là, à Londres, un sulfureux quintette chevelu s'apprête à l'enflammer avec son rock sensuel métissé de blues vénéneux. Coachés par Andrew Oldham, les Rolling Stones exhalent un parfum de scandale. La guerre est déclarée. Orchestrée de toutes pièces par les médias et l'industrie musicale, leur rivalité légendaire avec les Beatles dissimulait pourtant en coulisse un profond respect mutuel. Une étonnante confraternité, même... Gros bémol du film : sa bande-son indigente, composée d'effarants motifs de guitare-basse-batterie pour pallier l'absence des droits de diffusion musicale. -- Eléonore Colin

Le rôle de la moto au cinéma

Duels, diffusion du mercredi 25 juillet 2018 à 02h20

Saison : 3 - Avec les interventions de Mathieu Amalric, Olivier Assayas, Claire Denis, Gilles Jacob, Jean-François Stévenin, Marin Karmitz, Claude de Givray et Antoine de Baecque. Jean-Luc Godard et François Truffaut sont les icônes de la Nouvelle Vague, qui a révolutionné le 7e art dès les années 1960. Mais entre ces deux monstres sacrés, la relation a souvent été tumultueuse. Après la sortie de «La Nuit américaine» de Truffaut, Godard l'accuse de produire un cinéma commercial, tandis que Truffaut reproche à Godard ses films élitistes. Critique : Il était un temps, en beau noir et blanc, où les grands hommes trempaient leur plus belle plume dans le vitriol pour mettre fin à une amitié, ou à ce qui y ressemblait de près. Ainsi la dispute Godard-Truffaut de 1976 : « J'ai vu hier La Nuit américaine. Probablement personne ne te traitera de menteur, aussi je le fais... » Puis la réponse de François : vingt pages assassines (« A mon tour de te traiter de menteur... »), véritable leçon de modestie, où il lui reproche son « comportement de merde sur un socle ». Au début de ce « Duel », on s'effraie : les visages des deux hommes en gros plan, une voix off de tragédie grecque et une musique de film noir, n'est-ce pas un peu exagéré ? Puis se dessinent deux formes d'engagement (s'engager, est-ce choisir la marge ou faire avec le système ?), deux intelligences de cinéma radicalement différentes, et aucun cinéphile ne pourra rester indifférent devant les images d'archives, témoignages si vibrants de l'écume de la Nouvelle Vague. A deux seigneurs, tout honneur, le casting d'intervenants est une merveille : Mathieu Amalric (quelle intelligence), Olivier Assayas (quelle tendresse), Claire Denis, Gilles Jacob, Jean-François Stévenin (qui imite si bien Godard), Marin Karmitz, Claude de Givray et le grand spécialiste Antoine de Baecque. Score final de ce duel ? Encore plus d'attachement pour Truffaut, mais, paradoxalement, l'envie de revoir les films de ce « dandy » de Godard. — Guillemette Odicino

Le rôle de la moto au cinéma

Duels, diffusion du vendredi 20 juillet 2018 à 00h40

Le rôle de la moto au cinéma

Duels, diffusion du mercredi 11 juillet 2018 à 02h20

Che Guevara, le penseur radical, et Fidel Castro, l'animal politique, pouvaient-ils se partager la figure de libérateur de l'Amérique latine ? Che Guevara, jusqu'au-boutiste, a-t-il filé vers une mort certaine en Bolivie ? Ou bien Fidel Castro, manipulateur, a-t-il progressivement lâché son frère de guérilla, devenu trop dangereux, pour se maintenir au pouvoir ? De la naissance d'une amitié révolutionnaire au Mexique à la fabrication d'une icône à la Havane, le duel qui a opposé ces deux hommes a pris l'allure d'une passionnante partie d'échecs, où les mensonges, les manipulations et les enjeux du pouvoir ont transformé les règles du jeu. Critique : Les représentations d'Ernesto Guevara n'ont jamais eu besoin d'être associées à la figure de Fidel Castro pour se vendre par millions. Pourtant, les deux hommes ont longtemps été comme les deux faces d'une même pièce tant qu'il était question de mener à bien la révolution cubaine. Mais, lorsque leurs objectifs ont commencé à diverger, Castro a orchestré la lente chute du Che, nous racontent, unanimes, des universitaires, journalistes et diplomates comme Pierre Kalfon ou Serge Raffy. Selon un ancien guérillero, il ne fait même aucun doute que l'Argentin « n'était qu'une marionnette » transformée en martyr pour renforcer le régime castriste. Conformément aux travaux de l'écrivain et journaliste cubain Jacobo Machover, le Che est décrit comme un bourreau fanatique, à la personnalité austère, guérillero obstiné et victime expiatoire du castrisme. Plus abouti est le portrait de son « frère d'armes ». La génération Z, qui n'a connu le leader cubain que sous les traits d'un vieillard malade en survêtement, découvrira ici un pur pragmatique, fin stratège au service du communisme mais surtout du « fidélisme ». De la naissance d'une amitié révolutionnaire, en 1955, à la fabrication de l'icône du Che, en 1967, ce partage du pouvoir entre faux semblables est avant tout une histoire de faux-semblants. Un duel bien reconstitué mais souffrant d'un manque de tension dramatique. -- Yohav Oremiatzki

Le rôle de la moto au cinéma

Duels, diffusion du lundi 09 juillet 2018 à 05h35

Le rôle de la moto au cinéma

Duels, diffusion du jeudi 28 juin 2018 à 00h45

Saison : 3 - Une semaine après son élection à la Maison-Blanche, Bill Clinton se rend à Everett, l'usine d'assemblage de Boeing, près de Seattle, pour prononcer l'un de ses premiers discours en tant que 42e président des Etats-Unis. Il s'en prend violemment à Airbus et accuse le constructeur européen de non-respect des règles de l'Organisation mondiale du commerce sur les subventions publiques aux entreprises. Il s'engage à tout mettre en oeuvre pour défendre l'industrie américaine. Mais 21 ans plus tard, malgré les déclarations de guerre américaines, Airbus ouvre en grande pompe son usine d'assemblage à Mobile, en Alabama. Enquête sur ce renversement spectaculaire.

Le rôle de la moto au cinéma

Duels, diffusion du lundi 25 juin 2018 à 02h20

«Parigots» contre «péquenots», «ploucs» contre «têtes de veau» : provinciaux et habitants de la capitale ont parfois la dent dure les uns à l'encontre des autres. De Louis XIV au Général de Gaulle, de la Révolution Française à Mai 1968, de la centralisation à la décentralisation, cette chamaillerie française, mettant en scène deux identités, opposant deux territoires, dure depuis des siècles. Mais ces espaces ont considérablement évolué depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un voyage nostalgique à travers le pays, mêlant animation graphique, archives et témoignages. Critique : Ce film de Christophe Duchiron inaugure la troisième saison de Duels et explore l'opposition historique entre la capitale et le reste de la France. Le réalisateur puise dans des archives des années 60, époque à laquelle la thématique inspirait de nombreuses émissions de télévision. On était alors dans l'après-guerre. Paris et sa région se développaient rapidement, attirant vers leurs lumières une main-d'oeuvre, souvent féminine, avide de modernité. Cette rivalité s'est depuis estompée. Avec les politiques d'aménagement du territoire introduites par de Gaulle, la décentralisation votée sous la présidence de Mitterrand et enfin la révolution TGV, la province n'est plus synonyme d'ennui. Désormais, elle séduit chaque année vingt-cinq mille Franciliens à la recherche d'une meilleure qualité de vie. La fracture est aujourd'hui ailleurs, au sein des territoires. D'un côté, les ultra-connectés, mobiles et acquis à la mondialisation ; de l'autre, une population paupérisée et qui se sent marginalisée. Soutenu par un commentaire bien troussé, ce film narre les relations Paris-Province, des liens qui traversent de nombreuses familles françaises. Le réalisateur entremêle avec dextérité les séquences d'animation, des entretiens et des images d'archives, et offre ainsi un portrait sensible de la France. — Christine Chaumeau