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Capitaine Phillips, diffusion du dimanche 25 mars 2018 à 20h55
Un cargo américain est pris d'assaut par des pirates somaliens, qui tentent de prendre l'équipage en otage afin d'obtenir une rançon. Avec des personnages que n'épargne pas la caricature (bon capitaine américain contre des méchants sauvages), ce film, pourtant soucieux de réalisme, sombre dans la simplification. Critique : L'actualité la plus tragique risque toujours de finir recyclée en combustible pour Hollywood. Une tradition dans laquelle ce film sur la piraterie en Somalie semble vouloir s'inscrire avec précaution. Le réalisateur, anglais, est réputé pour son sens du réalisme, capable de déjouer les clichés du film d'action à l'américaine (il le prouva avec Vol 93, sur le 11 Septembre). Et l'histoire racontée est vraie. En avril 2009, le cargo Maersk Alabama fut assiégé par des pirates somaliens, qui, face à la résistance de l'équipage, prirent la fuite en emmenant en otage le capitaine, Richard Phillips. Le souci de vérité de cette reconstitution donne lieu à quelques plans impressionnants, montrant le cargo, forteresse flottante, rattrapé et abordé par de petits bateaux à moteur. Cette scène d'attaque fait apparaître de façon presque documentaire l'incroyable : comment, au milieu d'une mer immense et vide, les plus faibles prennent le dessus sur les plus forts. Mais la peinture des personnages est anéantie par un scénariste à la main lourde (Hunger Games...). Voilà un bon capitaine (Tom Hanks) qui embrasse sa femme avant d'embarquer. Pendant qu'en Somalie des énergumènes sautent dans leurs rafiots. Où ils sont prêts à s'entretuer, sauvages sans foi ni loi. A bord du cargo américain, ils font régner la terreur avec des méthodes de nazillons. Ils sont haïssables, il faut les éliminer ! C'est le souhait abject que le film crée chez le spectateur, pour le satisfaire, bien évidemment. Sur ces pirates, on ne saura rien, sinon qu'ils sont les larbins de plus grands salauds. Le capitaine, lui, sera courageux jusqu'au bout. Dans les faits, son professionnalisme a été contesté. Et un procès est en cours, intenté par une partie de l'équipage contre l'affréteur du cargo, pour mise en danger. Des détails bannis par l'héroïsme simplificateur dans lequel sombre ce film. — Frédéric Strauss
